Rencontre finale des ateliers de rhétorique "Disputatio"

Culture, Valorisation
Au lieu de vous indigner… argumentez ! Fuyons l’éloquence creuse : venez développer vos talents.

Projet

Le 25 mars a eu lieu la rencontre finale de Disputatio, couronnant des ateliers de rhétorique et d'argumentation suivis par des étudiants volontaires, inscrits en L3 ou en Master de sciences humaines. S'inspirant de la tradition universitaire remontant au Moyen Âge, la rencontre a réuni dans l'amphithéâtre de la MSH sept étudiants qui ont présenté publiquement un discours argumenté, préparé à l’avance, en réponse à une question sur le thème du progrès – thème retenu pour l’édition de cette année. Ils ont ensuite pu échanger leurs arguments au cours de trois débats, en équipes. Les différents mérites des étudiants (qualité de la matière argumentative, organisation des idées, style, mais aussi réactivité et fair play) ont été récompensés par trois prix décernés par un jury et par trois prix alloués par le public, financés grâce au soutien conjoint des UFR LLASIC et ARSH.

Contexte

Le nom de disputatio fait signe vers une tradition universitaire du débat oral. Au Moyen Âge, la disputatio consistait en un débat argumenté devant un public diversifié, réuni pour l’occasion. Structurée autour d’un sujet sur lequel les interlocuteurs échangeaient des argumentations pour et contre, la disputatio a progressivement disparu au profit, d’une part, d’une domination de l’écrit sur l’oral dans la formation des étudiants, et d’autre part, de l’exposition du savoir par le maître. Nous proposons un cycle annuel, composé d’une série d’ateliers aboutissant à une rencontre, au cours de laquelle des étudiants volontaires de Licence et de Master de la Faculté H3S s’affronteront dans une disputatio publique, couronnée par un vote de l’auditoire et par une remise de prix.

Plus que jamais, il semble nécessaire de remettre au goût du jour la pratique vivante du débat argumenté dans le cursus universitaire, à l’heure où :
Après des décennies d’hégémonie de l’écrit sur l’oral, une place de plus en plus grande est accordée à l’exercice de la parole, et où l’on constate un intérêt renouvelé pour la rhétorique (création du Grand Oral du baccalauréat, multiplication des concours d’éloquence, succès du documentaire À voix haute de Stéphane de Freitas et de Ladj Ly, questions soulevées par le film Le Brio d’Yvan Attal, par les vidéos de Clément Viktorovitch, ou par l’émission Parle de Victor Ferry, etc).

De plus en plus d’intellectuels, de journalistes et de rhétoriciens dénoncent l’appauvrissement du débat public (esprit de polémique, violence verbale, polarisation systématique des débats, exagération, formes d’incivisme, formules à l’emporte-pièce, slogans, …).

On observe une méfiance à l’égard de la rhétorique, qui repose en réalité sur un malentendu, à savoir la confusion entre d’un côté la rhétorique (comprise comme l’art de persuader par le discours argumenté) et de l’autre l’éloquence (comprise comme utilisation de la parole dans une perspective strictement utilitariste, notamment par certains professionnels de la politique et ceux du marketing) – la rhétorique n’étant pas seulement affaire de « communication ».

Dans ce contexte, il ne s’agit pas de pratiquer des techniques de séduction voire de manipulation, servant simplement à réussir un discours ou à paraître éloquent. À rebours d’une société du spectacle qui valorise excessivement la performance (actio) au détriment du contenu, nous vous proposons un travail valorisant une argumentation de haute tenue (inventio), une structuration rigoureuse du discours (dispositio), ainsi que des procédés de style efficaces et maîtrisés (elocutio).

La rencontre finale se composait de deux épreuves

Un discours individuel de 5 à 7 minutes, préparé à l’avance

La semaine précédant la rencontre, chaque candidat a tiré au sort une question sur le thème du progrès.

Un débat opposant deux équipes (par binômes librement constitués sur place)

Le jury a ensuite soumis aux participants une nouvelle question (sous forme de citation) sur laquelle ils ont dû réagir à chaud, dans un débat d’une durée 10 à 15 minutes. Avant le débat, les binômes possédaient de 10 minutes pour se concerter. Une modératrice a animé la confrontation des deux équipes.
Mis à jour le  17 mai 2022